Dimitri Derigent 1

Dimitri Derigent

"Mon parcours académique m'a surtout fait prendre conscience de l'intérêt de développer les liens entre nos territoires insulaires, à travers la coopération régionale".

Présentes-nous ton parcours!

Bonjour je suis Dimitri DERIGENT. Après un baccalauréat scientifique, j'ai choisi de m'orienter vers les classes préparatoires aux grandes écoles littéraires (hypokhâgne & khâgne) du lycée de Bellevue en Martinique. Dès lors j'ai pu présenter le concours d'entrée à Sciences-Po Bordeaux; plus précisément celui de la Filière Intégrée France-Caraïbe (FIFCA) que j'ai finalement obtenu.

Il s'agit d'un parcours tri-diplômant accessible à partir de Bac+1 en sciences politiques et coopération internationale en partenariat avec Sciences-Po Bordeaux, l'Université des Antilles (Martinique) et la University of the West Indies (Kingston, Jamaïque). Les études se déroulent sur ces trois pôles de formation sur cinq ans, alternant comme suit : Bordeaux (1ère année), Martinique (L3 Sciences Politiques), Bordeaux (Master 1), Jamaïque (Msc International cooperation), Bordeaux (Master 2). Nous recevons ainsi un diplôme des trois institutions partenaires de la FIFCA. Concernant celui de Sciences-Po Bordeaux, nous avions le choix parmi une vingtaine de spécialisations et me concernant j'ai choisi le Master Gestion des Entreprises et des Organisations. C'est un parcours plutôt particulier en partenariat avec l'Institut d'Administration des Entreprises (IAE) de Bordeaux où nous devions y effectuer un double Master 2 lors de ma 5ème et dernière année de formation au retour de la Jamaïque. J'ai dès lors intégré le Master 2 Management international de l'IAE et me retrouve aujourd'hui diplômé de toutes ces institutions précitées.

 

Durant mes études j'ai eu des opportunités de stage, notamment à l'Alliance française de Santiago (République dominicaine) ou encore au service international de la chambre de commerce et d'industrie de la Martinique. J'aimais beaucoup le côté développement économique de la Caraïbe, couplé au volet promotionnel de nos îles. C'est donc tout naturellement que j'ai effectué mon stage de fin d'études auprès du Comité Martiniquais du Tourisme (CMT) à Montréal où j'ai évolué en tant qu'Assistant Promotions et communication. Mon rôle était d'accompagner le développement de la marque touristique de la Martinique sur le marché canadien à travers diverses opérations grand public (festival culinaire, salons de voyage) mais aussi à destination des professionnels (liens avec les grands partenaires aériens et hôteliers, développement de niches et communication institutionnelle). Suite à ce dernier stage, l'on m'a ainsi proposé un contrat avec le CMT où je suis désormais coordinateur en charge de la communication et des relations publiques.

Pourquoi as tu choisi la Caraïbe pour poursuivre tes études ?

Le déclic a été instantané dès mon entrée en CPGE (Classe Préparatoire aux Grandes Ecoles) littéraires. D'emblée je devais partir dès le bac au Canada poursuivre des études en sciences politiques mais je voulais tout de même présenter le concours de Sciences-Po Bordeaux et des écoles de management. Le passage en CPGE était dès lors indiscutable me concernant et le lycée de Bellevue excelle en la matière. De fil en aiguille je découvre ce parcours valorisant la Caraïbe qu'est la FIFCA de par d'anciens étudiants de prépa qui avaient réussi le concours d'entrée de cette filière pour le moins atypique. La diversité des parcours, les débouchés et surtout le focus sur le bassin caribéen, pour moi ce fut une évidence. Je voulais intégrer ce parcours qui nous valorise et dont nous serions les ambassadeurs ! Et bien évidemment la perspective d'une année en Jamaïque nous a bien motivés ! Et nous n'avons pas été déçus. Nous y avons côtoyés le fleuron intellectuel de la Caraïbe anglophone, notamment en sciences politiques et en relations internationales. Le campus de Mona de la University of the West Indies (UWI) à Kingston est une institution reconnue (faisant partie du top 5% des universités mondiales) où gravitent les meilleurs étudiants de la Caraïbe (et parfois même du monde) dans leur domaine au sein d'une hyperstructure, un campus à l'américaine où nous ne manquions de rien (résidences étudiantes, restaurants, Poste, banques, hôtel, taxis, etc.).

En quoi cela a t il été bénéfique?

La FIFCA a vraiment été un catalyseur d'expériences fructueuses et m'a surtout fait prendre conscience de l'intérêt de développer les liens entre nos territoires insulaires, à travers la coopération régionale notamment. J'ai pu le constater au niveau économique avec mon expérience avec la chambre de commerce, au niveau culturel avec l'Alliance française et présentement au niveau touristique avec le Comité Martiniquais du Tourisme. Egalement, j'ai toujours eu cœur à porter la Martinique et la Caraïbe plus largement dans tout ce que j'entreprenais dans mes productions universitaires. Mes deux mémoires de recherche étaient d'ailleurs consacrés au marketing territorial appliqué à la Martinique pour le premier et à l'image de marque de la Martinique sur le marché canadien pour le dernier. Pour vous donner un exemple, j'étais si déterminé que par exemple durant nos exposés et dossiers thématiques à choix libre en cours d'espagnol à Sciences-Po Bordeaux, je choisissais souvent une problématique différente soit à Cuba soit en République Dominicaine, quitte à frustrer quelque peu certains qui me demandaient de varier un peu mes zones d'études géographiques. Là je rétorquai : "Si je ne le fais pas, qui va le faire ?"

Quelles seraient tes recommandations suite à ton expérience ?

Je serai tenté d'encourager les futurs étudiants à se renseigner davantage sur les possibilités de formations et/ou d'apprentissages dans la Caraïbe. Elle regorge de talents et d'opportunités qui sont bien malheureusement obstrués par le consensus "il faut partir dans l'Hexagone car il n'y a rien chez nous". En connaissance de cause, ce n'est absolument pas le cas, il faut cependant faire connaître ces possibilités aux jeunes. Aussi, une fois immergé dans ces territoires, il faut absolument s'imprégner de la culture, de l'Histoire et des traditions des pays hôtes. Profiter de l'instant, créer du lien avec l'habitant et faire de belles rencontres sont toujours vecteurs d'opportunités à saisir !

Si c'était à refaire, le ferais tu?

Je le ferai et referai encore ! J'ai eu la chance d'avoir vécu un parcours si riche que j'ai grandi moi-même et ai acquis davantage de connaissances dans cette perspective d'intégration caribéenne. Je suis d'autant plus fier que mes amis et ma famille suivaient mes aventures et apprenaient de mes différents voyages et des anecdotes que je leur faisais remonter.

Selon beaucoup de dires, on a l'impression qu'il faut partir dans de grands pays où côtoyer de grandes écoles pour avoir un diplôme valorisant et une carrière réussie.

Tout est une question de point de vue. Je répondais plus haut en partie à cette question en disant qu'il suffit que tout le monde dise cela pour que l'on pense que c'est effectivement le cas. Mais je pense que le problème est principalement culturel: en France on attache beaucoup (trop) d'importance au prestige du diplôme et de l'établissement qui le délivre. Si l'on prend mon cas, on me dirait que j'ai suivi une formation "élitiste" car j'ai intégré Sciences-Po Bordeaux alors que vous trouverez des formations universitaires excellentes en sciences politiques et qui pourtant ne jouissent pas d'un tel "prestige". Ailleurs, on privilégierait plutôt l'expérience professionnelle que l'étiquette "Grandes écoles". Dans tous les cas une carrière aboutie est un ensemble et ni la formation universitaire ni le fait de s'expatrier pour ses études ne sont des éléments suffisants pour y arriver. A cela s'ajoutent une bonne dose de persévérance, des opportunités à saisir et la magie de la personnalité !

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